Il arrive parfois en séance d’être consulté ou de travailler sans problème particuliers soumis par la personne qui est assise devant vous. Il s’agit juste de mettre la personne dans des conditions d’exploration, sans objectif, sans recherche. Juste être présente dans l’expérience. Cet article me permet de parler d’une induction que j’aime faire pour ce genre de thématique et d’un livre qui m’a beaucoup marqué pour cette expérience.
Sur cette thématique d’exploration, c’est en lisant le livre « les Energies de l’hypnose » de Marc Traverson édité chez Albin Michel (livre qui m’a beaucoup marqué en début de pratique) que j’ai trouvé mon inspiration sur le fait de laisser se faire une exploration. Marc Traverson cite un poème de Antonio Machado que je me répète désormais avant chaque séance :
Voyageur, le chemin
C’est les traces de tes pas
C’est tout ; voyageur,
il n’y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant
Le chemin se fait en marchant
Et quand tu regardes en arrière
Tu vois le sentier que jamais
Tu ne dois à nouveau fouler
Voyageur ! Il n’y a pas de chemins
Rien que des sillages sur la mer.
Tout passe et tout demeure
Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant
Des chemins
Des chemins sur la mer
C’est à travers ce texte que je me suis fabriqué ma vision actuelle de l’hypnose et de ce qu’elle me semble permettre. Et c’est nourri de cette phrase que je me suis autorisé à proposer à la personne avec qui je travaillais d’aller simplement explorer sans recherche.
L’entrée en transe pour arriver dans l’exploration
Pour cela, je lui demande de bouger la main la plus susceptible d’aider à une entrée en transe, de simplement bouger, bouger au rythme des pensées. Trouver la vitesse à laquelle vont les réflexions au présent, trouver leur mouvement. Bref, synchroniser la main et son mouvement au rythme de ses pensées.
La main de la personne se met alors à faire un cercle d’infini et je laisse la synchronisation entre le corps et l’esprit se faire. Les yeux se ferment tout seul. À ce moment là, une suggestion sur le temps qui ralentit permet de renforcer la concentration. Le temps ralentit et ça laisse le temps de regarder, observer les pensées qui passent, comme des passantes, « bonjour les pensées, au revoir les pensées ». Et si la personne ralentie sa main, elle peut observer comment elle ralentie ses pensées.
L’expérience continue avec une suggestion, « quand le mouvement va ralentir de plus en plus, le début de l’exploration commencera de manière plus nette, et quand la main s’arrêtera, comme un arrêt sur une pensée, la personne saura ou commence l’expérience ». Toujours suivi d’un silence qui permet au sujet de vivre dans ce voyage.
Le mouvement s’arrête alors, la personne voit la forme qu’elle traçait avec sa main, un ruban de Moebius. Mais dans l’arrêt du mouvement, un fait apparait, le ruban se fissure en un petit carré de tissu.
Sur ce carré le message « fais! »
Pas de questions sur ce que cela signifie ou sur le « faire quoi ? ». Dans cette exploration c’est l’émotion qui ressort de cette vision qui importe. Des questionnements que je faisais, la personne semblait heureuse et rassurée de voir ce message. Comme un cycle qui se serait brisé, une habitude qui commencerait à se fissurer pour faire quelque chose de différent plus tard.
Je laisse l’émotion vivre, je reste à l’écoute de la personne. Au bout d’un moment, « il n’y a plus rien à faire ici ». La transe se finit non sans que la personne ait gardé quelque part ce petit bout de tissu avec le « Fais ! » marqué dessus.
Fin de séance, fin de l’exploration, et un souvenir qui me revient de ce moment, aujourd’hui. Je ne sais pas trop ce qu’est « une bonne séance » mais celle-ci m’a particulièrement marqué en tant que praticien. Par la simplicité qui s’en est dégagée et le simple fait de ne rien faire qu’écouter l’autre et de se laisser guider par lui. C’était au tout début de ma pratique et ce souvenir revient sans cesse à moi pour accepter d’apprendre sans cesse de l’autre que j’ai devant moi.