Illustration d’une séance autour du jugement qui pousse à la procrastination chez une personne qui est venue me consulter.
Il était bloqué par des pensées qui lui intimaient de faire les choses « comme il fallait ». Non pas comme il les sentait.
Par exemple, pour faire du piano, il fallait impérativement être académique sinon il n’apprenait pas. Donc s’amuser n’apprendrait rien. Pour le travail, il fallait absolument travailler chaque heure de la journée et il semblait impossible d’accepter qu’on est plus efficace quand il reste peu de temps. Il le disait pourtant qu’il était efficace dans l’urgence.
En état d’hypnose, toutes ces pensées se sont matérialisées sous la forme du regard du « père » qui comprimait le plexus solaire de l’homme et qui empêchait une expression personnelle de sortir. Une fois la problématique identifiée et repérée, je demandais alors à la personne ce qu’elle voulait en faire.
Un moment de silence de sa part et un petit sourire…« je crois que je peux l’enlever de là…en hurlant ».
Ainsi survient un dilemme pour le praticien en hypnose que je suis :
« Autoriser la personne à hurler pour respecter sa demande ou bien penser à ma collègue dans le cabinet à côté qui travaille avec des enfants et que les hurlements pourraient incommoder ? «
J’ai finalement pris la décision d’autoriser la personne à hurler afin de ne pas reproduire les interdits du regard du père qui empêche de faire du bruit. Ce fut un magnifique hurlement que la personne lança. Un cri à se boucher les oreilles….
Et soudain, c’est le soulagement pour lui. Je laissais un moment de silence s’installer pour qu’il prenne le temps de réaliser ce qui venait de se passer. Il avait réussi à transgresser les interdits du regard du père et les injonctions à ne pas faire de bruit et de vagues.
En tant que praticien en hypnose, ce genre de besoin symbolique (ici le fait de crier) et pour moi une des données les plus fondamentales pour amener le consultant en hypnose à résoudre sa problématique. Je suis ravi que cette personne se soit senti suffisamment en confiance avec moi pour finalement s’autoriser à le faire et à dépasser des injonctions intérieures. François Roustang que j’aime tant lire disait « qu’il suffisait d’un geste pour guérir ». Cette séance me l’a prouvé.