Une personne avait peur.
Cette peur, elle le savait, lui venait de son enfance. Comme un cadeau empoisonné laissé par ses parents dès que la personne fût en âge de se souvenir avec sa mémoire d’enfant.
La peur paralysait la personne. Elle l’empochait d’appeler ses amis, ses proches. Elle contenait la créativité de la personne et l’empêchait de s’exprimer.
Un jour, ce fût trop. La peur prenait trop de place dans la vie de la personne et c’est ainsi qu’elle décida de fermer les yeux et prendre un temps au présent. Un temps pour se concentrer sur cette peur. En fermant les yeux, elle commença à ressentir cette peur. Elle était dans tout son dos.
En passant la main, elle sentit la matière dans laquelle était cette peur. C’était de la pierre. Elle était parfois polie, parfois rugueuse. Elle s’étendait du cou jusqu’aux jambes. Les pierres tendaient complètement l’arrière du corps de la personne.
En fermant les yeux et en prenant son temps, la personne commença à pouvoir explorer ce paysage de pierre qu’elle avait sur le dos. Elle décida d’enlever un morceau de pierre, juste pour voir ce que cela ferait.
Une légèreté s’empara immédiatement de la personne à l’endroit ou elle avait retiré la pierre. Ça faisait du bien. En continuant de se concentrer, elle sentit de l’eau s’écouler du trou laissé par l’absence de la pierre. Elle ressentit spontanément que c’était la source sa créativité qui se remettait à bouger et s’écouler pour imprégner son environnement.
Elle voulut poursuivre son exploration et enlever d’autres pierres mais elle sentit que cette carapace, formée depuis des années, était aussi une protection qui lui avait permis de survivre.
Cette carapace avait mis du temps à se former. Pierres après pierres, années après années. La personne n’avait pas senti monter le poids de la peur au fur et à mesure qu’on déposait des pierres sur son dos.
Elle ne prit finalement pas le risque de retirer trop de pierres et décida de regarder ce qui se passerait dans sa vie avec une pierre en moins. C’était déjà très bien comme cela.
Elle reprit son chemin de vie et se promit d’observer les changements qui se produiraient au fur et à mesure qu’elle laisserait s’écouler sa créativité.
